Alors que la pluie et le froid s’abattent sur Paris ce samedi 15 décembre 2018, le mouvement “Gilets Jaunes” décide d’investir les places fortes telles que Bastille, République, Opéra et les Champs-Elysées.
Les rues avoisinantes demeurent calmes, étrangement plus calmes que la semaine dernière. Cette fois aucune voiture consumée par les flammes, les rues sont pourtant vides, presque fantomatiques. Je m’approche de l’Arc de Triomphe à pied, je passe sans difficulté mais non sans fouille complète le barrage de sécurité.
L’avenue est déserte, quadrillée par des CRS, des policiers et des gendarmes. Le ton est donné, tout est sous contrôle. Les boutiques se sont parées de barricades de bois et de métal. Je croise des manifestants, sourire aux lèvres, échangeant sur leurs difficultés quotidiennes et leurs revendications. Le phénomène “gilets jaunes” est bien transgénérationnel, des familles sont présentes, des personnes âgées et des adolescents. Je croise également des hommes d’âge moyen vêtus de noir ne semblant pas prendre par à la colère sociale mais plus à une colère dirigée vers les forces de l’ordre.
Les journalistes sont nombreux, très nombreux. Je souris en repensant à un tweet lu en buvant mon café ce matin : 10 000 CRS qui encadre 1000 journalistes qui encadrent 100 manifestants qui encadrent 10 casseurs. La projection humoristique est ici quasi proche de la réalité.
Rapidement je m’approche d’un groupe en cercle, en avançant je m’aperçois que ces individus déterrent des pavés. Je m’approche un peu plus pour photographier leurs mains en action, quand tout à coup je suis pris à partie par deux hommes, un jeune et un nettement plus âgé, tous deux le visage masqué. Il m’interdisent de prendre des photos. Je tente d’entrer dans un débat sur la liberté mais le ton monte rapidement jusqu’à la menace de coups, devant mon insistance ils se mettent à crier que je suis un policier en civil. L’effet est immédiat et direct : tous s’arrêtent et me poussent pour m’éloigner et m’isoler de la foule. Je parviens non sans mal à me sortir de là et reprendre mon chemin …
Quelques minutes plus tard les premières grenades lacrymogènes embrument l’espace. Les cris s’étouffent, les casseurs, résolument peu nombreux mais déterminés, se mettent à courir dans tous les sens. Les quelques manifestants en colère mais animés d’intentions louables se protègent le visage de la brulure du gaz CS.
Les minutes passent, les pavés volent, les grenades de désencerclement tonnent. Il devient difficile de respirer, de voir, de parler et même d’entendre. Mes oreilles ne cessent de siffler.
Mais au delà du désagrément, aucun danger.
Voici la deuxième partie de ma série “CHAOS”