1. Alors que le mouvement “gilets jaunes” entame le 4e volet de sa révolte, je décide de plonger au cœur de la colère du peuple français. Je me donne comme mission de rester le plus objectif possible, d’aller voir comment se vit ce moment historique dans chaque camp.  J’ai voulu sentir la peur des uns, l’incompréhension des autres.

J’ai vu des militants convaincus, des policiers résignés, des casseurs hystériques, d’autres alcoolisés. Certains étaient présents pour “s’amuser” avec les CRS, d’autres pour faire entendre leur désespoir. Beaucoup arboraient des gilets jaunes, signe de reconnaissance repris dans plusieurs pays, signe de sédition.

J’ai vu des retraités et des jeunes, des sourires et des larmes.

J’ai senti le parfum des grenades lacrymogènes, respiré les fumées acres des véhicules embrasés par la folie humaine.

J’ai surtout parlé avec de nombreuses personnes désolées de voir les casseurs dénaturer le propos d’une manifestation qui se voulait le cri d’un peuple en souffrance.

J’ai vu dans le regard d’un gendarme le désarroi, la haine dans celui d’un policier, la fureur encore dans les yeux d’un manifestant jetant des pavés sur les CRS.

Je voulais vivre ce moment historique en son cœur, ne pas le regarder mais le vivre, le sentir, avoir peur de documenter ce que mes yeux peinaient à croire.

Je voulais donner un nom à cette série de photo, j’ai d’abord pensé à l’appeler “colère sur la ville” puis “sédition” mais c’est finalement le chaos que j’ai ressenti qui a pris le pas sur tout le reste, un chaos émotionnel.

Je vous livre donc ici de manière brute, sans légende ma série “chaos”.

©nicolasbrulez , reproduction interdite