2015 nous a fait découvrir le pire. Un réveil en cauchemar, un goût amer en bouche, une impression que plus rien ne sera jamais pareil. Le 14 novembre je me réfugie chez un ami tatoueur, je me fais tatouer “Fluctuat Nec Mergitur” pour ne pas oublier ceux qui souffrent, les victimes, leurs familles, leurs amis. A cette époque je poursuivais mon travail de recherche dans l’univers du tatouage avec le projet The Tattoorialist.
Avec Mylène Ebrard nous avons décidé de suivre l’idée de ma mère “pourquoi ne photographies-tu pas ces personnes, tes amis ?”. Une idée simple mais douloureuse de figer dans le temps un moment si compliqué. Encore aujourd’hui la sourde douleur est présente, les larmes montent.
Nous avons longuement travaillé avec l’association “Life For Paris” sur l’orientation à donner à ce projet, quelle lecture faire des témoignages, quelle orientation artistique. Nous ne voulions pas tomber dans un écueil pathos, ni sombrer dans un voyeurisme opportuniste.
Nous avons donc réuni des victimes et des proches des attentats du 13 novembre 2015 dans un studio pour 4 moments de prise de vues, dans des studios différents. L’objectif était alors de photographier leurs tatouages, une forme traitement comme une autre, une manière de ne pas oublier, de figer l’indicible. Chaque personne a écrit de sa main un mot reflétant l’émotion de l’instant.
5 ans après la première photo de ce projet, je ressens le besoin de libérer quelques unes des images pour le moment restées cachées dans ma mémoire. Notre idée est maintenant de réaliser une exposition et un livre.
Merci à tous les participants pour votre confiance et votre force.
Voici les premiers portraits
Stef :
Anne-Sophie :
Gabin :